L’essentiel en 3 points

  • Les situations des patrons

    Les patrons souffrent de solitude et n’osent pas en parler

  • La loi des 5D

    Déni – Dépôt de bilan – Divorce – Dépression /burn-out – Décès

  • Quelques suggestions pour y remédier

    Des pistes pratiques et concrètes pour éviter les 5D

L’expert

Florence Coulin
atpconsulting.ch
Développement personnel
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La solitude du patron – une réalité souvent ignorée

1. Les situations des patrons

« Ma femme a menacé de me quitter. Je pense que je vais arrêter. » Fabien * a créé son entreprise dans le bâtiment en 2006. Aujourd’hui, l’homme âgé de 44 ans est nerveusement et psychologiquement à bout. « Parfois, je craque. Je ne travaille plus pendant deux, trois jours…et alors je me sens terriblement coupable », confie-t-il dans un souffle. Comme Fabien, nombreux sont les patrons de petites et moyennes entreprises (PME) qui voient leur vie privée déstabilisée par leur activité professionnelle. Lorsque les difficultés s’amoncellent, la descente aux enfers n’est jamais loin. * nom d’emprunt

« 95 % des entreprises finissent en liquidation », affirme-t-il. Il en a fait l’amère expérience en 2010, lorsque sa PME a dû fermer. Bruno Delcampe, du Pas-de-Calais, en est persuadé « Si j’avais été accompagné, j’aurais réussi à m’en sortir »

Si on commence enfin de parler de souffrance au travail pour les employés, trop souvent on néglige la souffrance que peut éprouver un dirigeant. Pourquoi cela ? Très souvent, parce que ça ne se fait pas ça ne se dit pas. Un patron est imbattable, il est fort, il est solide, il n’a pas le droit de flancher car c’est lui qui mène l’entreprise, l’équipe.
Le dirigeant doit gérer beaucoup de décisions, de prise de risque, de responsabilité, gérer la stratégie, le personnel, etc. Il est multi tâche. Et tout le monde au final se repose sur lui.
Cela lui donne à la fois un sentiment de puissance, d’exister, mais amène aussi un poids énorme, qu’il porte seul. En général il se donne complètement à son entreprise, à son équipe, quitte à en oublier sa famille. Jusqu’au jour où tout s’effondre.
C’est la loi des 5D

2. La loi des 5D

• Déni
• Dépôt de bilan
• Divorce
• Dépression /burn-out (épuisement, stress, angoisses, insomnies)
• Décès (maladies (AVC, accident cardio-vasculaire, rupture d’anévrisme) ou suicide).

Cela illustre bien la spirale infernale dans laquelle tournoient certains dirigeants.

L’identification entre le patron et son « bébé » étant forte, « un dépôt de bilan est souvent vécu comme un terrible échec personnel », relate Marie Pezé.
« L’une des valeurs essentielles d’un patron, c’est l’indépendance, l’autonomie. Il ne va pas facilement admettre qu’il a besoin d’aide. Il est parfois prêt à refuser de l’aide pour conserver son autonomie », affirme Lucile Dehays.

Les obstacles sont trop souvent de fausses croyances. Quand le dirigeant oser parler de ses soucis il a l’impression de devoir abandonner l’image sociale qu’il croit devoir véhiculer: la personne forte, battante, toujours au top, pour qui parler de soucis serait une faiblesse. C’est un leurre. Beaucoup de drames peuvent être évités en se confiant à une personne externe à l’entreprise, bienveillante, à son écoute, qui voit l’homme derrière le patron, l’humain derrière le rôle et qui connaît le monde de l’entreprise, qui a des outils pour l’aider à passer certains caps difficiles et même capitaliser sur ce qui lui arrive..

La chute est d’autant plus forte, plus profonde et la pente plus lente et plus difficile à remonter que le déni a duré, que le sentiment de toute-puissance habite les dirigeants.

Face à ce constat, que préconiser, quels sont les moyens à mettre en œuvre ? La solitude n’est pas une fatalité inhérente au statut.

3. Quelques suggestions pour y remédier

a. Faire partie d’un réseau de chefs d’entreprise -mais pas seulement en vue « de faire du business ». La fréquentation de ces cercles ne diminue la solitude du dirigeant dans la mesure où celui-ci peut parler ouvertement de ce qui lui arrive, de ses déboires, et voir ainsi qu’il n’est pas tout seul, que d’autres sont passés par là, et qui s’en sont sortis. Ils peuvent partager ainsi de nombreuses expériences et les moyens que chacun ont trouvés pour s’en sortir. Mais très souvent ces cercles de dirigeants sont encore une fois l’occasion de ne montrer que la face du superhéros où tout va très bien parce qu’on pense encore que demander de l’aide, de parler de ses problèmes, est une faiblesse. Il serait temps de mettre fin à ces idées reçues, et que de parler de ces problèmes ne soient plus tabous.

b. Se former pour renforcer ses compétences, ses connaissances, prendre du recul, s’accorder un moment pour nourrir sont intellect et ses émotions, rencontrer des spécialistes avisés, traiter de problématiques spécifiques, échanger avec d’autres chefs d’entreprise dans le cas de formations collectives… les formations ici ne sont pas uniquement liées à l’entreprise est assez problématique, il semble important de participer à des séminaires, des conférences, des formations sur d’autres sujets qui, annexes, vont contribuer à la bonne santé et du dirigeant lui-même, et de l’entreprise.

c. S’accorder les services d’un coach personnel (une fois par trimestre par exemple) pour poser les problématiques, les examiner avec l’aide d’une personne extérieure, se confier, prendre du recul, mieux comprendre les enjeux, relativiser ou hiérarchiser les problèmes, libérer son inconscient ou son intuition en vue de régler de manière optimale les questions posées… c’est souvent le seul espace de confiance, de confidentialité, ou le dirigeant peut vraiment tout déposer, ses problèmes personnels comme professionnels, car inévitablement les deux sont liés. Quand il a besoin d’un allié, d’une confrontation, d’un autre regard, c’est la personne idéale pour lui. La personne étant rémunérée et ne faisant pas partie de son cercle direct ( pas de lien émotionnel), elle est à même de l’aider à voir clair sur toute les facettes de sa situation.

d. Rester en bonne condition physique. Mens sana in copore sano… un esprit sain dans un corps sain… A chacun de trouver l’activité physique bienfaisante (sport, promenade dans la nature, sieste, yoga…) à pratiquer régulièrement mais à son rythme, de manière à ne pas épuiser les ressources physiques indispensables à une activité intense comme l’est la direction d’une entreprise, à les renouveler, et mieux encore à les renforcer ! On sait maintenant que l’activité physique renforce également le système immunitaire et à la sécrétion de sérotonine, neurotransmetteurs de l’humeur.

e. S’accorder des loisirs et oser la créativité (sorties, vie sociale, bénévolat…) qui permettent de s’aérer le cerveau, de s’évader pour un moment, de rencontrer et cultiver sa partie créative, de rencontrer des personnes avec lesquelles partager des goûts, des valeurs, des moments de convivialité qui font partie d’une vie et participent à l’épanouissement personnel.

f. S’accorder du temps avec sa famille. Trop de personnes regrettent de n’avoir pas vu grandir leurs enfants, et d’avoir perdu leur conjoint en route. Accorder du temps à sa famille, à son couple c’est aussi cultiver la complicité, la sexualité, l’échange, et finalement c’est le rôle primordial du parent vis-à-vis de ses enfants : lui montrer l’exemple, lui donner des outils afin de devenir un citoyen équilibré et capable s’assumer seul, de devenir un conjoint avec qui on a envie de partager sa vie. Donner du temps à sa vie de famille et de couple, sera toujours un handicap de moins et un pilier fort sur lequel s’appuyer quand les difficultés financières arriveront, quand le marché sera plus difficile.

Pas le temps diront-ils ? Il semble important de préciser que 5% de son temps consacrés à son bien être démultiplient l’énergie, les capacités d’analyse, la clairvoyance, et bien entendu, l’efficacité –notion primordiale au niveau du développement de l’entreprise !

4. Conclusion

L’important est de reconnaitre qu’on n’est pas surhumain, se donner des permissions de s’octroyer des moments de pause, de bien-être, oser sortir des faux tabous et parler devient primordial de veiller à garder un équilibre de vie coûte que coûte, c’est un investissement pas une perte de temps.

5. Etudes

Deux études chiffrées existent à propos de la souffrance au travail des patrons de PME.
• Observatoire Amarok, menée en septembre et octobre 2011 et « réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la diversité des dirigeants de PME de 3 à 250 salariés ».
• TNS-Sofres réalisée du 6 au 19 avril 2010 pour le Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables, « auprès d’un échantillon national de 800 dirigeants de TPE et PME ».

* Nom d’emprunt

Faites les choses bien.

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